La tradition orale est fondamentale dans toute culture et c’est une des raisons pour laquelle j’ai choisi le métier d’actrice et de lectrice. Mon père s’enregistrait quand j’étais gamine pour me raconter des histoires. Le confinement m’a permis de confirmer ce choix de dire et redire à l’infini grâce aux pouvoir de la radio, du podcast, d’internet, bref de l’enregistrement !
Mon choix de lecture, du dire poétique, pourra se faire à partir de mes propres textes, mais aussi de textes de grands auteurs classiques et contemporains.
Illustrations des Poèmes : Xabier Moingeon – https://xabiermoingeon.wordpress.com
Tradition Orale poétique est également disponible sur le site d’Arte Radio : https://audioblog.arteradio.com/blog/143825/tradition-orale-poetique#
POÉSIES #SECTIONS, EXTRAITS
Picassent
El dinero, no ! Es el primero paquete ? Ok, mais el dinero, no ! L'argent, ils ne prennent pas Les paquets non plus Ils te laissent nu et sans argent Ils te laissent avec toi-même Ils te laissent seul au milieu d'inconnus Sans argent et complètement nu
Déception
Nous étions comme deux mammifères volants au dessus des gens Nous étions beaux comme de nouveaux amants Nous étions les dieux inégalables de l'amour Dansant les rythmes d'une épopée glamour
Collés certes parce que nous ne parvenions pas à nous défaire De cette joie envoutante toute une atmosphère Nul drame à pressentir le temps détachera nos mains Pourtant c'était le mot la rengaine comme une anaphore un refrain
Psyché
Les épaules tendues par des oreillons Tord les lombaires de l'estomac transi Les pierres dans le ventre remontent jusqu'à l'horizon Une indigestion d'insomnies L'aube cherche à se rendormir Acère les crocs sous les paupières Et marque du manque les rires Retenus à la frontière
La Petite vieille
Assise à sa fenêtre comme au bord du monde La pupille en mouvement file mais ne tombe dedans Elle sort de sa fenêtre comme on sort du soleil Brille du haut de son éclat sans y poser le talon Ni abimée ni brûlée d'incandescence frêle (...)
Ma Tête n’est plus, bête non plus
Je ne travaille plus Je n'écris plus Je ne crée plus Je sombre dans la mélancolie intra-cellulaire de mon corps, l'espace interne que je côtoie et caresse depuis l'enfance pour explorer la petite fille qui ne m’effraie plus Je ne lis plus Je ne réfléchis plus Je ne pense plus Je suis sortie de ma bêtise (...)
Le Chagrin, extrait

Le retour seul dans l'immense chagrin de l'appartement vide. Tout qui te rappelle à elle. Les livres éparpillés sur la moquette de la chambre, sa brosse à dents, son parfum collé aux draps du lit, l'odeur qui ne s'en va pas, qui est incrustée partout dans les fibres. Une odeur de pierre chaude du soleil d’été et de patchouli. C’est sucré dans la bouche, une gorgée de miel. (...)
Quia Frater poética, épuisement

Le corps lâche Entraine sa ronde de débâcles Fustige le monde d'un après-soi Tisse sa toile de chair sans attache Ton venin court à la surface Déploie ses filaments Dans ma tête qui ne dit Ni ne bouge plus Lourde maintenue Par le fil du temps en verticalité Il ne sait plus où je suis (...)
Frater Mater amers

Corps univers frater mater galères Unité unifiée humectée D'amertume et de sang La langue d'efforts se rompt En pièces détachées se confond La tête regarde derrière devant Rit à s'en déployer En prières disparues dissolution (...)
Mirage

Je suspends ni ne sais L'amour frater Un monastère toute une vie Ce n'est pas de rien dont il s'agit C'est un imbroglio de fils rouges au-dessus de la tête Un vide qui s'écrit de tempêtes Le verbe désobéit L'encre de blessures s'assèche Le papier se déchire et pâlit Puis tout le mur se fige et durcit C'est la révolution à palabres (...)
Cavité Mouvante

Ventre troué Ventre galopé Galopant Ventre constellé Ventre morcelé Ventre de pépites Morcelant Mes paupières Dissolvant Irritent Mon cœur Organe à trous(...)
Au-Dessus

Te souviens-tu Ce regard qui se dresse et voit Le paysage qui se consume Derrière la pâle volute blanche Et le miroir du ciel musclé et tendu (...)
En Dessous

La sensation du corps qui flotte La frontière épaisse sur le visage Comme une marque qui le contamine L'apesanteur des membres Livre une paume tournée vers le soleil Un pétillement dans les yeux (...)
L’Étrange repos

Sur sa joue fond son iris brûlé Et s'envole comme une écaille dorée Une bulle d'oubli avec véhémence Vient écouter le silence Dans le creux de son ventre épais Dureté de son insomnie Elle s'élève dans un vertige Un goût acre de blé (...)
Insomnie Mêlée de cris

La pierre froide des sables mouvants Ultime déviation d'un chemin Guide la main tendue Vers ton regard d'aide en suspens Qui répand le feu sur ta langue Dans les entrailles Un léger tremblement(...)
In-Terre-rieur

Sur moi, sur la peau de ce corps qui m'appartient, je perçois les vibrations enchainées de ton ré. Il pénètre dans ce vaste monde oublié. Il m'assoit au bord du précipice et m'ordonne d'y plonger la tête. Suis je reliée ? Suis je en corps attachée à ce chemin luminescent teinté de rouge ? Vais-je tomber ou me relever ? La peur broie mes entrailles, elle boit la saveur brute du mensonge que je me créé. Quand vais-je dire la vérité ? (...)
Éveil Torpeur

L'éveil fut secoué de torpeur Sans être néfaste, l'aspect des mâchoires Deux torpilles hallucinatoires Ouvraient sur les filaments pourpres La nébuleuse endormie Là-haut dans le vortex des jardins S'étiraient en rêves volés Les tombeaux des ancêtres incarnés Dans une convulsion de satin Magnificences arborées pour clore ce chemin (...)
Il Pleut sur mes nuits

Nuit de pluies dans l'obsolescence du labeur Une fatigue ample décrypte mes deux pleurs Vent doux de printemps sous l'écorce des paupières Tremble les chants d'oiseaux, les chants stridents des pierres Celui qui boit sur le cil de notre vieillesse L'amour échappé des eaux sans nulle liesse (...)
J’Ai rêvé

J'ai rêvé de la maison d'enfance Reliée par les fils électriques luminosité chargée Il n'y avait pas les mots pour butter ni se cogner Et revenir en images brutes sans fin bouclées Les échos qui font mal qui réveillent sans avoir pu quitter leur sommeil Il y avait juste le rêve de l'enfance (...)
Insomnies

Lourde fatigue du renoncement Comme Oblomov en ses appartements Guide mon corps jusques en son tourment Voyage le rêve et l'apaisement Tour à tour l'ange au visage voilé Et l'hybride monstrueuse affamée De mon ventre les entrailles trouées Hurlent la douleur belle exacerbée Je veux mon sommeil noir transi et beau (...)
Somnolence

La nuit fouille les pulsions statiques incroyables et profondes dans un trouble avide Comme les vallées bleues de l'inconscient dans lesquelles on visite encore les visages suspendus de Mexico Les battements sanguins peignent le grillage d'acier des ventres à terre dans un courage de feu Ils fuient fatigués les nuits en double fond (...)
Fatigue Lumineuse

L’estomac ligoté à des ficelles de hamac Un suspens de membres lourds Comme une somnolence écrasante Le sang court dans les vaisseaux Le sang transite jusqu’au cœur Une secousse de volcan Et ça tire dans le bas-ventre, ça aspire jusqu’à son lit Ça circule, ça bouge, ça émulsionne, ça bouillonne, ça crampe, ça vibre et ça respire(...)
Le Visiteur de l’ombre

Le fauteuil de ma souffrance dans lequel elle me dépeint Etire à l'agonie l'ombre qui s'est jetée sur moi Une folie ! Un secret mensonger qui s'échappe de la tête Et tournoie dans les airs pour nous faire changer d'avis Une tendance, une danse entre deux aveux La course insondable de l'âme contre elle-même dans son reflet Frappe la glace des Insomnies(...)
Prière

Capsule salvatrice tête recroquevillée La respiration ample me fait glisser Vers un second soleil Dans mon temple aux odeurs de Thym Le savon latent des pierres échevelées Effleure ta peau nacrée Et s'ouvre comme le parchemin Du rêve que j'ai fait (...)
Carences

Dans les affres de l'alcool plongée Madame Lune me visite Les mots intelligibles oubliés S'écorchent et s'agitent Excavés ils sont extraits Des méandres de mes pensées Ils ne dorment plus Tremblent et buttent contre les murs La même matrice cérébrale en proie à la carence Du repos (...)
Quintils du désir amoureux

De son gant d’air Ta peau Exploite les infinités de ma chair Elle explore en frissonnant L’essaim de sa moitié Je voulais en t’aimant T’offrir la même douceur Le même parfum Je te chéris à l'absolu Sans boniment authentique Je suis partout à la fois (...)